Redistribution des cartes (graphiques)

C'est désormais indéniable, Steam, ainsi que les jeux phares de Valve, sont disponibles sur OS X. C'est évidemment une excellente nouvelle pour la plupart des possesseurs de Macs qui, soyons honnêtes, ne savaient vraiment pas quoi foutre de leur carte graphique de ninja. Néanmoins, à l'occasion de cette arrivée sur l'OS de Steve, une info bien plus intéressante nous est parvenue, à savoir la sortie prochaine de Steam sur Linux.

Steam sur Mac

La démonstration n'est plus à faire, sur l'internet et la bureautique, Linux est largement au niveau de ses concurrents propriétaires privateurs. Il m'a toujours semblé qu'une seule chose manquait à Linux pour s'implanter véritablement chez l'utilisateur lambda : l'intérêt des éditeurs de jeux. Valve est un éditeur de jeux, et pas des moindres.

D'aucuns diront qu'il était déjà possible de jouer sur Linux ; grâce à Wine, par exemple. Cependant, cela requérait un certain nombre de manipulations complexes, pour un résultat pas toujours fantastique. Dans un futur proche, Valve apportera à Linux des jeux natifs, exploitant des moteurs basés sur OpenGL, le tout enrobé de la sauce socio-marketing Steam. Tout simplement sans précédent pour un OS libre. Je m'avance peut-être (mais pas trop) en disant que les jeux estampillés de la valve rouge sont parmi les plus joués au monde (Team Fortress, Left 4 Dead, etc.), et j'ose croire que beaucoup de joueurs PC ne jouent qu'à ces titres. Pour ceux-là, l'économie d'une centaine d'euros (alias la licence Windows) à l'achat de leur prochaine machine pourrait bien faire définitivement pencher la balance.

Gageons alors que d'autres développeurs s'engagent dans la voie ouverte par Valve ; on pense à id Software, qui fournissait déjà les binaires Linux de ses jeux, ou Blizzard, qui sort ses jeux sur Mac.

Par ailleurs — et pour faire une parenthèse trollesque — on a déjà pu constater que les utilisateurs Linux étaient bien plus généreux que les autres quand il s'agissait d'acheter des jeux. Ajoutez à cela qu'ils sont plutôt pointilleux avec les licences et le respect des droits d'auteur, c'est à se demander pourquoi les éditeurs n'ont jamais tenté le coup, plutôt que d'investir dans des DRM foireux — fin de la parenthèse.

Pour embrayer sur le côté technique de la chose, l'arrivée de Steam sur Linux (et Mac) est, à mon sens, une excellente nouvelle pour OpenGL. En effet, ce ne serait qu'enfoncer des portes ouvertes[1] que de rappeler qu'OpenGL est aujourd'hui complétement largué par le phénoménal (si si) DirectX. La raison ? OpenGL n'a tout simplement pas de compte à rendre, pas de profit à générer, pas de pression. Jusqu'à présent, et pardon aux programmeurs qui bossent sur OpenGL, cette API avait deux impératifs : être libre et afficher des trucs via une carte graphique. Force est de reconnaître qu'elle faisait très bien son boulot. Cependant, lorsqu'on veut vendre des jeux, il vaut mieux qu'ils soient jolis[2], et à moins de s'appeler John Carmack, faire de jolis jeux avec OpenGL s'avère être une activité peu rémunératrice, car longue et complexe.

Ce qui arrive avec Steam sur Linux, c'est un nouveau marché, de l'offre, de la demande, de la pression ! Si les développeurs profitent de l'implantation de Steam sur les systèmes Linux pour renouer avec OpenGL, il y a de fortes chances pour que leurs nouveaux clients soient tout aussi exigeant que les clients Windows vis à vis de la qualité graphique des jeux. La nécessité d'un OpenGL plus performant va ainsi aller croissante. Les demandes conjuguées des joueurs et des développeurs pourraient bien faire bouger les choses du côté du Khronos Group. À l'image du travail de Facebook sur PHP, on se plait même à imaginer ce que les développeurs de jeux pourraient apporter directement à OpenGL.

Alors certes, on n'est pas près de voir débarquer de sitôt un Crysis ou un Modern Warfare 2 en OpenGL. Toutefois, je crois sincèrement que Valve peut réussir là où d'autres ont échoué, à savoir lancer le vrai début du jeu vidéo sur Linux, relancer le développement d'OpenGL et, pourquoi pas, accélérer l'adoption massive de Linux chez l'utilisateur moyen (on peut rêver un peu). Wait and see...

Notes

[1] J'ai toujours rêvé d'employer cette expression, hourra !

[2] Ces temps-ci, on pourrait même dire qu'il suffit qu'ils soient jolis... Ouille, c'est juste un petit troll, pas taper.

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