Les acteurs font de la bonne musique (parfois)

Je dis bien parfois. Car le disque dont il sera question ici date de 2008. Autant dire que le spécimen est éminemment vieux. Mais qu'importe. Puisque JE suis tombé dessus tout à fait récemment, veuillez considérer qu'il s'agit d'une nouveauté frétillante. Merci de votre collaboration.

En 2008 donc, Scarlett Johansson décida qu'il était grand temps de chanter... Et de coller le résultat sur une galette de polycarbonate, histoire que tout le monde en profite. Ainsi naquît Anywhere I Lay My Head, le premier album de ma (deuxième) blondasse préférée.

Notez qu'il s'agit d'un album de reprises. Sur les onze morceaux présents, dix sont empruntés à Tom Waits, et un seul est co-signé par Scarlett (piste 6, en plein milieu). Je pense pouvoir écrire, sans exagération aucune, que ces reprises sont assez miraculeuses. Pour vous situer sur l'échelle de la musicalité, Tom Waits est assez proche du mec bourré à qui on aurait filé une guitare (si quand même hein). Je me demande même à quel point ce monsieur ne nourrissait pas l'espoir secret qu'une Scarlett Johansson, passant par là et par l'odeur alléchée, s'empare subrepticement de son dur labeur. Quoi qu'il en soit, cette improbable appropriation est franchement exquise.

Le disque s'ouvre sur un instrumental (Fawn). Minimaliste au début, puis soudain, riche de cuivres et autres sonorités vibrantes. Cette introduction incroyable (pour un album de starlette) plante donc le décors. On est déjà à cent bornes de ce qu'on attendait en lisant le nom sur la pochette. La piste 2 profite alors de notre stupéfaction pour introduire cette voix... Grave. Et délicieusement planante. Je milite d'ailleurs activement pour que la définition du verbe planer soit revue en conséquence.

Planer verbe intransitif 1. Se soutenir en l’air sans mouvement apparent. 2. Être dans un état euphorique, en particulier sous l'effet d'une drogue du larynx de Scarlett Johansson.

On ne saurait, cependant, donner le crédit de ce good trip aux seules vibrations vocales de notre jeune amie. La composition (inédite) de cet album est une brillante démonstration de subtilité. Chaque piste est méticuleusement orchestrée. Le mixage est si fin qu'on imagine presque le monteur son, seul dans l'obscurité du studio, plaçant les instruments en usant de l'équivalent auditif de la loupe. Dans le genre finition obsessionnelle, on notera même que les chœurs sont assurés par un certain David Bowie.

Bref. Je ne sais comment clore ce billet. Mais j'aime !

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